Utiliser les ressentis corporels, émotionnels et intuitifs

Nous avons évoqué précédemment l’importance de la capacité personnelle à réviser les raccourcis mentaux. Parce que les croyances font partie de nous, c’est un sujet très sensible, c’est-à-dire connecté aux émotions. La fluidité du système de croyance est intimement liée aux émotions, aux états corporels et à la confiance en soi (ou non) qui en découle.

Les conditions pour un bon jugement intuitif sont que les paramètres corporels et émotionnels, intuitifs et rationnels doivent avoir chacun son mot à dire.

Si l’on veut utiliser la boussole de l’intuition, il s’agit de se familiariser avec son propre mode de ressenti intuitif et le distinguer des ressentis émotionnels. Les ressentis intuitifs, même s’ils comportent une dose d’émotion, sont plus subtils. Les ressentis émotionnels forts comme la joie, la peur, l’amour masquent aisément la discrétion de l’intuition. Il en faut donc pas s’y tromper. Les prises de conscience du ressenti intuitif diffèrent selon les personnes. Nous pouvons relever trois sphères principales pour la prise de conscience intuitive (voir tableau) (Rossselet-Capt, 2016).

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LES TROIS SPHÈRES DE LA PRISE DE CONSCIENCE INTUITIVE
Adaptée d’une étude en milieu infirmier citée dans (Rossselet-Capt, 2016).

Il s’agit également de reconnaitre les fausses perceptions de l’intuition qui viendraient de nos craintes et blessures ainsi que de nos vœux illusoires. Elles sont les ennemies d’un jugement intuitif efficace.

Les émotions en elles-mêmes (joie, colère,…) peuvent autant stimuler des raisonnements analytiques que des flashs intuitifs. Quelles soient positives ou négatives, ce sont de puissants moteurs de motivation à l’action. L’intensité des émotions est fondamentale. Les émotions débordantes ne sont pas compatibles avec une réflexion stratégique, mais utiles en tant que signaux d’alarme. Les émotions de moindre intensité ou d’intensité moyenne peuvent au contraire énergiser l’action et favoriser l’engagement dans le développement stratégique. Ainsi, quelle que soit leur intensité, elles restent toujours des indicateurs utiles à questionner.

Nous avons vu quant à lui que le raisonnement analytique est relativement déchargé d’émotion. Pour autant, il requiert de la volonté qui est mieux mobilisée si la motivation est présente.

La triade ÉMOTION – INTUITION – RAISONNEMENT est schématisée sous forme de triangle (vortex) décisionnel (voir Illustration ci-après) (Coget, 2013). L’intuition aide à revisiter les bases d’une décision, d’une analyse ou d’une conclusion, et porte la nouveauté. La boussole intuitive est de savoir «ce qu’il est juste de faire ou de penser». Le raisonnement vérifie qu’il n’y a pas d’impasse, d’erreurs, ou confirme, affine les décisions intuitives. Les émotions (associées aux ressentis corporels) énergisent l’action ou aident à définir nos propres limites en interrompant le processus de décision lorsque l’intensité émotionnelle est trop forte.

La mise en mouvement de cette triade ÉMOTION – INTUITION – RAISONNEMENT favorise :

  • le renforcement de l’expertise et la fluidité du schéma mental,
  • la gestion des décisions critiques,
  • la créativité, la génération de nouvelles idées et la prospective.
LA TRIADE ÉMOTION – INTUITION – RAISONNEMENT
Inspiré du Vortex des décisions critiques (Coget, 2013)

  Boite à outils

Outils pour l’accompagnateur

Pour l’accompagnateur, quatre émotions de base demandent une vigilance particulière : la peur, la colère, la tristesse et la joie. Le schéma « zoom sur 4 émotions de base » résume les facteurs déclencheurs, les réflexes naturels et les besoins suscités par l’émotion.

Le schéma « roue des émotions de Plutchik » permet de nuancer les sentiments autour de 8 émotions de base (colère-peur, tristesse-joie, anticipation-surprise, attraction- dégout). L’outil pour l’accompagnateur, qui s’en inspire, est un jeu de cartes à découper sur lesquelles sont inscrits les adjectifs exprimant un sentiment donné.