L’intuition s’apprend-t-elle ?
Le jugement intuitif comporte une part d’erreur plus ou moins grande. Il ne s’agit pas de suivre aveuglément nos intuitions. Des précautions s’imposent. La toute première est de toujours vérifier le jugement intuitif par les voies de la raison. Une autre est de mieux apprendre à utiliser son intuition. Il ne s’agit pas d’un apprentissage classique, encore moins standard, comme apprendre à compter. Cela ressemble à apprendre à faire du vélo.
Le mot apprentissage est peut-être un peu fort, car l’intuition ne se décrète pas. Elle advient d’elle-même. Pour autant, laisser s’exprimer l’intuition, ce n’est pas attendre et rien faire. Cela ressemble à trouver l’équilibre sur un vélo. Le cycliste est en mouvement, le vélo avance par la force exercée sur les pédales (la motivation). L’équilibre est trouvé entre la pression exercée par le pied gauche (jugement intuitif) et le pied droit (l’évaluation analytique).
L’exercice de familiarisation avec ses propres ressentis intuitifs est une première étape (discrimination entre émotions et intuition). Il n’y a pas de recette miracle et cet exercice est propre à chacun. Un facteur est cependant primordial, c’est la confiance que l’on met dans son propre jugement intuitif. Cette confiance se construit sur les feedbacks que l’on reçoit de son environnement, non sur la superstition d’un aspect magique.
Le développement de l’expertise intuitive est, après l’attention portée aux ressentis intuitifs, un autre axe de l’apprentissage. Mais il ne faut pas s’y tromper, l’apprentissage de l’expertise intuitive dans un domaine spécifique prend des années. Il peut dans certaines conditions être accéléré par un travail sur soi, ce qui exige de sortir de sa zone de confort. Nous relevons une variété de recommandations (Burke & Salder-Smith, 2013) que nous avons choisi de regrouper sur les thèmes suivants : «faire un pas de côté», «s’observer », « explorer et imaginer», «créer un environnement approprié», «ne pas être aveugle».
