Le Birsmattehof propose des abonnements de légumes de sa propre production aux habitante-s de la ville de Bâle et de sa région. L’exploitation a été initiée par un groupe de consommateurs, qui souhaitaient disposer de légumes bio de la région et ont décidé d’organiser leur propre production. Ils ont fondé une coopérative, dans laquelle les membres participent aujourd’hui encore activement à la production. L’exploitation ne percevant pas de paiements directs, les coûts sont couverts par un prix équitable des produits.

Carte d’identité

Contact

Agrico Genossenschaft
Birsmatthof 1
4106 Therwil

Téléfone: +41 61 721 77 09

Nom: Birsmattehof
Site web: birsmattehof.ch
Lieu: Therwil, BL
Forme juridique: coopérative
Collaborateurs-trices: 2 responsables d’exploitation, env. 75 personnes employées ayant des pourcentages différents, env. 1020 coopérateurs-trices
Taille: 22ha Birsmattehof, 60ha Markhof (D)
Zone agricole:
oui

Activités

  • Culture maraîchère en qualité bio : des herbes aromatiques à la production de ses propres semences et plantons, en passant par les légumes de plein champ : la coopérative produit de tout afin de pouvoir proposer une palette de légumes la plus large possible.
  • La marchandise est écoulée principalement par le biais d’abonnements de légumes ainsi que sur des stands au marché.
  • Production animale : pour la production d’engrais et la fermeture du cycle des éléments nutritifs sur l’exploitation.
  • Implication des membres de la coopérative, qui participent aux travaux.

L’équipe

Le Birsmattehof à Therwil est organisé sous la forme d’une coopérative (Agrico) avec une direction composée de cinq personnes. Nicole et Alexander Tanner (la première étant maître maraîchère, le second agriculteur et agronome) en sont les responsables d’exploitation depuis 1995. La production est assurée par différents groupes qui organisent eux-mêmes leurs domaines en collaboration avec la direction.
De nombreuses personnes interviennent ; 75 personnes sont employées ayant des pourcentages différent suivant les périodes de l’année. L’équipe se compose d’une grande diversité de collaborateurs et collaboratrices. Souvent, des personnes issues de projets d’intégration ou d’institutions sociales y sont aussi actives. Les travaux sont coordonnés avec les responsables d’exploitation et les groupes de production concernés dans le cadre de réunions matinales et au moyen de l’échange de courriels et de messages WhatsApp. De plus, de nombreuses personnes fournissent un travail bénévole, par exemple les personnes mettant à disposition un dépôt ou les membres de la coopérative apportant diverses contributions personnelles supplémentaires. Les journées de travaux sont communiquées sur le site web.

Histoire et avenir de la coopérative

Dans les années 1980, il n’était pas facile de se fournir en légumes locaux et sains à Bâle et dans ses environs. La nécessité, pour les consommateurs, de produire eux-mêmes des légumes, qui plus est en qualité bio, est alors apparue de plus en plus forte. Un groupe d’une dizaine de personnes a fondé en 1981 la coopérative Agrico, et le Birsmattehof (22 ha) a été loué. Ces pionniers et pionnières ont développé le Birsmattehof avec énormément d’engagement et de contributions personnelles. Plus tard, le Markhof, un domaine de 60 ha se situant de l’autre côté de la ville de Bâle, sur le territoire allemand, a aussi été loué. En 2013, une stratégie a été développée avec l’aide d’un service de conseil externe et des membres de la coopérative. Elle comprenait une augmentation de la production afin de couvrir la demande de la région et de développer la clientèle. D’un abonnement initial, on est passé à trois offres différentes.
Le concept de la coopérative a été important dès le début : une philosophie largement approuvée et l’implication de toutes et tous dans les activités. Les abonnements représentent 65 % des ventes, le reste est écoulé sur des stands au marché, un peu par la restauration ou les magasins. Agrico effectue ses livraisons avec ses propres véhicules dans la ville de Bâle et ses environs. Elle livre généralement dans des dépôts, où la clientèle vient chercher ses légumes. Les membres de la coopérative bénéficient d’un abonnement de légumes à un prix spécial. Il n’est cependant pas obligatoire d’être membre pour souscrire un abonnement. La coopérative compte actuellement 1020 membres dont 685 possèdent aussi un abonnement et participent aux travaux de la ferme. Selon la taille de l’abonnement, les membres travaillent 6, 8 ou 12 heures par an.
Comme mentionné précédemment, les clients non-membres de la coopérative peuvent souscrire à un abonnement de légumes. Cependant, le prix de leur abonnement de légumes est plus élevé du fait qu’ils ne participent pas aux travaux de la ferme. Environ 4100 paniers sont livrés chaque semaine, dont la plus grande partie est livrée à des clients non-membres.

Financement

L’exploitation a été louée jusqu’en 1994. Elle a été achetée par Agrico en 1995. Cela a généré une dette d’environ CHF 2,2 millions. Le tout a été financé pour la majeure partie par le capital des membres de la coopérative. Actuellement, l’adhésion à la coopérative coûte CHF 500.–. De plus, des prêts sans intérêt ont pu être obtenus.
Agrico souhaitant conserver la forme juridique de la coopérative, il a fallu volontairement renoncer aux paiements directs. Au niveau financier, Agrico souhaiterait maintenir une structure commerciale durable et prospère. Les coûts doivent être intégralement couverts par la production, ce qui est actuellement le cas. Il est très important pour Agrico d’obtenir des prix équitables qui permettent de couvrir les coûts de production même sans paiements directs. Agrico reçoit chaque année CHF 8000.– de contributions fédérales pour les prestations écologiques requises, un montant qui ne représente toutefois qu’une très faible partie de son chiffre d’affaires. Les principaux postes de dépense sont les coûts salariaux, qui représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires.

Facteurs de réussite

L’engagement et la solidarité des membres, qui ont témoigné une grande confiance aux maraîchers et ont été prêts à développer et à professionnaliser l’exploitation, ont été les garants du succès. Parmi les autres facteurs de réussite figurent aussi :

  • l’engagement des collaborateurs et collaboratrices ;
  • l’écoulement direct des produits et la proximité avec la ville ;
  • les liens avec les consommateurs et consommatrices ;
  • la bonne qualité des produits, issus d’une production reconnue et durable.

Les contacts sociaux des membres ainsi que le contact direct avec la clientèle ont été et restent très importants. Ils permettent une communication transparente de la production à la vente. La collaboration est un facteur de succès important afin de rester en contact avec les membres. La communication s’effectue par le contact direct, par le biais d’une newsletter (Echo) ainsi que par le site web, par exemple pour les journées de travail. Les principaux partenaires sont les consommateurs en contact avec le Birsmattehof, les abonnés, et les clientes et clients des marchés, qui déterminent aussi les possibilités de production et d’écoulement ainsi que les recettes (prix). Un contact étroit existe aussi avec les autres agriculteurs et agricultrices de la région, les autorités et associations régionales ainsi que la vulgarisation. Une collaboration a été mise en place depuis peu avec une exploitation du canton des Grisons. Cette dernière fournit de la viande de volaille (issue de « frères coqs ») qui est aussi intégrée dans l’abonnement.

« L’agriculture suisse a beaucoup évolué depuis 1981 et il est impressionnant qu’Agrico soit toujours là malgré tous les défis que la coopérative a dû relever durant ses presque 40 ans d’existence. Le modèle de coopérative a porté ses fruits, c’est une forme juridique très équitable. Le bénéfice reste sur l’exploitation et il profite aux collaborateurs ainsi qu’aux clients. Cela nécessite toutefois des collaborateurs qui s’identifient aussi avec la coopérative, ce qui n’est pas toujours facile. Les valeurs doivent être partagées et transmises. »

Défis

Du fait de la vaste palette de produits et de l’échelle de la production, l’exploitation doit faire face à un grand nombre de défis. Au niveau du personnel, la principale difficulté consiste à recruter et à garder des collaborateurs motivés et disposant de suffisamment de connaissances techniques. La grande diversité de cultures produites nécessite également un savoir-faire adéquat afin d’assurer un bon rendement. Il n’est pas non plus toujours simple de fidéliser la clientèle, ni de satisfaire ses nombreux souhaits. Enfin, l’environnement urbain représente aussi un défi, car la proximité avec la ville s’accompagne parfois aussi d’incompréhension pour l’agriculture, de littering ainsi que de besoins contradictoires.

Accès à la terre

Agrico a acheté le Birsmattehof en 1995 à son ancien bailleur. La coopérative est ainsi propriétaire des terres, des bâtiments et des machines. Actuellement, elle exploite les 22 hectares du Birsmattehof ainsi que le Markhof, une exploitation affermée située en Allemagne et qui comprend 60 hectares. La décision de louer le Markhof a permis à l’exploitation de s’agrandir bien que cela implique deux sites de production différents. L’accès à la terre est et reste une question compliquée, car il est très difficile d’obtenir des terrains dans l’agglomération en raison de la pression de l’urbanisation.

Rapport avec la ville

La proximité avec la ville de Bâle est assurément importante. D’une part, l’exploitation est très proche de sa clientèle ; d’autre part, cela permet aux membres de la coopérative d’être proches de l’exploitation et de la vie de la ferme. La compréhension parfois limitée de l’agriculture représente un désavantage. Ainsi, il arrive que certains désagréments de courte durée, comme une piste cyclable souillée ou des bruits de tracteur ou d’arrosage durant les heures de midi, soient très vite dénoncés à la commune même s’ils ne se produisent que ponctuellement.

Points forts

  • Une des premières exploitations de Suisse à avoir pratiqué l’agriculture solidaire (ACP)
  • Production propre très importante (95%)
  • Concept de coopérative
  • La demande en produits de haute qualité va très probablement continuer à augmenter.

Les citations proviennent de la responsable d’exploitation Nicole Tanner. Les photos ont été prises par AGRIDEA.