Développement & importance de l’agroécologie

Développement précoce de l’agroécologie

Le terme « agroécologie » trouve son origine dans les années 1930. Cette discipline étudiait les interactions entre les plantes, les animaux, les hommes et leur environnement dans les systèmes agricoles. La question fondamentale était de savoir comment l’environnement influençait l’agriculture et vice versa.

Ecosystèmes agricoles et critique de l’agriculture industrielle

Dans les années 1960 et 1970, le terme « agroécosystème » a fait son entrée dans le débat politique et scientifique. À cette époque, les concepts agroécologiques étaient de plus en plus liés à la critique de l’agriculture industrielle et aux conséquences négatives de la révolution verte.

L’approche systémique de l’agroécologie

À partir des années 1980, l’agroécologie a commencé à adopter une approche systémique qui prenait en compte l’ensemble du système alimentaire. Cela englobait non seulement la production agricole, mais aussi la transformation, la distribution et la consommation des aliments. L’accent s’est déplacé de la simple production vers des systèmes alimentaires durables, équitables et résilients, qui prennent également en compte l’équité et la justice à travers les pays.

Focalisation sur la pratique et l’impact social

Dans les années 1990, l’agroécologie s’est davantage concentrée sur les pratiques agricoles et leur impact sur la société. Cela a conduit à l’intégration des pratiques agricoles biologiques, des mouvements sociaux et des politiques visant à promouvoir des systèmes agricoles durables. L’agroécologie s’est développée en une science pratique qui s’est attaquée aux défis réels de l’agriculture et a proposé des solutions aux problèmes environnementaux, sociaux et économiques.

L’agroécologie aujourd’hui

Aujourd’hui, l’agroécologie est considérée comme une science et une pratique intégratives qui associent les aspects environnementaux, sociaux et économiques de l’agriculture. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) décrit l’agroécologie comme une approche visant à renforcer la résilience des systèmes agricoles, à promouvoir la biodiversité et à atténuer le changement climatique. Les pratiques agroécologiques visent non seulement à augmenter la productivité, mais aussi à promouvoir l’équité sociale et la viabilité économique des agriculteur-rice-s du monde entier. Dans son guide (2018), la FAO définit ce terme comme suit :

D’autres définitions des organisations sont répertoriées dans l’Agroecology Infopool de Biovison.

Approche selon trois points de vue

Pour la FAO, l’agroécologie se compose de trois approches différentes.

En tant que science , l’agroécologie étudie comment les différentes composantes de l’agroécosystème interagissent entre elles.

En tant qu’ensemble de pratiques, elle vise à mettre en place des systèmes agricoles durables qui optimisent et stabilisent les rendements.

En tant que mouvement social, elle poursuit des rôles multifonctionnels pour l’agriculture, promeut la justice sociale, cultive l’identité et la culture et renforce la viabilité économique des zones rurales.

FAO. Agroécologie et agriculture familiale

En 2019, le Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nurition (en anglais, High Level Panel of Experts, HLPE-FSN) a rédigé un rapport intitulé « Agroécologie et autres approches novatrices «  afin d’examiner plus en détail ces différentes approches. Il a été constaté qu’il n’existe pas de définition uniformément partagée de l’agroécologie, ni de consensus sur les aspects qui relèvent ou non de cette approche.

Le rapport développe également de manière plus spécifique les trois différents points de vue :

En tant que science, l’agroécologie est :
(i) l’étude intégrative de l’écologie de l’ensemble du système alimentaire, qui comprend des dimensions écologiques, économiques et sociales ou, en bref, l’écologie du système alimentaire ;
(ii) l’application de concepts et de principes écologiques à la conception et à la gestion de systèmes alimentaires durables ; et, plus récemment,
(iii) l’intégration de la recherche, de l’éducation, de l’action et du changement qui apporte la durabilité à toutes les parties du système alimentaire : écologique, économique et social.

Les pratiques agroécologiques visent à améliorer les agroécosystèmes en tirant parti des processus naturels, en créant des interactions biologiques bénéfiques et des synergies entre leurs composants, et en utilisant au mieux les processus écologiques et les services écosystémiques pour le développement et la mise en œuvre des pratiques.

En tant que mouvement social, l’agroécologie est considérée comme une solution aux défis actuels tels que le changement climatique et la malnutrition, qui s’éloigne du modèle dit « industriel » et le transforme pour construire des systèmes alimentaires pertinents au niveau local, qui renforcent la viabilité économique des zones rurales sur la base de circuits courts de commercialisation et d’une production alimentaire équitable et sûre. Elle soutient différentes formes de production alimentaire à petite échelle et l’agriculture familiale, les agriculteurs et les communautés rurales, la souveraineté alimentaire, les connaissances locales, la justice sociale, l’identité et la culture locales, ainsi que les droits indigènes sur les semences et les races animales. Cette dimension de l’agroécologie en tant que mouvement politique est de plus en plus mise en avant.

HLPE (2019). Agroécologie et autres approches novatrices 

Ces trois points de vue, leur association et leur développement commun constituent l’approche holistique de l’agroécologie. L’agriculture ne doit pas être considérée de manière isolée, mais comme une partie intégrante d’un système alimentaire, en produisant des aliments suffisants et variés tout en protégeant la biodiversité et les ressources naturelles.