RISE (Response-Inducing Sustainability Evaluation) 

Caractéristiques clés

Fonctionnement et méthode

Explication de l’outil et objectifs

RISE (Response-Inducing Sustainability Evaluation) est un outil d’évaluation globale et systématique de la durabilité des exploitations agricoles. Les résultats mettent en évidence les points forts et les points faibles de l’exploitation.

L’objectif de RISE est de fournir aux chefs d’exploitation une base de réflexion et de développement de leurs pratiques de durabilité. Les résultats ne servent pas seulement à analyser l’état de la situation, mais aussi et surtout de point de départ pour le développement d’une gestion de la durabilité spécifique à l’exploitation.

Dans le cadre d’un processus axé sur le dialogue, des options d’action concrètes sont déduites en collaboration avec la direction de l’exploitation. RISE aide à établir une liste des mesures possibles, à les classer par ordre de priorité en fonction des intérêts de l’entreprise et des ressources disponibles, ainsi qu’à établir un calendrier.

Utilisation et application

L’utilisation de RISE est généralement effectuée par des personnes formées – conseillers, chercheurs ou étudiants – dans le cadre d’un entretien structuré avec la direction de l’entreprise. Cette interview dure environ 4 à 6 heures. L’analyse des données et la rédaction du rapport qui s’ensuivent nécessitent 4 à 6 heures supplémentaires, l’entretien de feed-back 2 à 3 heures selon la complexité de l’entreprise et l’expérience de la personne chargée de la réalisation.

RISE n’est pas conçu pour une simple auto-évaluation, mais est de préférence utilisé par des tiers qui ont reçu une formation spécifique à cet effet. La collecte de données est basée sur un mélange de données sur l’exploitation, d’analyse de documents et d’estimation d’experts, complétée par des observations sur place.

Une formation est nécessaire pour utiliser l’outil de manière professionnelle. Pour assurer la qualité et la diffusion de l’outil, la BFH HAFL propose régulièrement des formations en ligne. Lors de ces formations, l’ensemble du processus RISE – de la collecte des données à l’évaluation et au conseil – est joué et accompagné. Les participants réalisent de manière autonome une analyse complète et bénéficient d’un soutien technique tout au long du processus. Les formations se déroulent en plusieurs étapes sur une période de plusieurs semaines et s’adressent aux personnes intéressées par le conseil, la recherche et l’enseignement.

Méthode utilisée

RISE repose sur une approche d’évaluation basée sur des indicateurs, qui combine des données quantitatives, semi-quantitatives et qualitatives. Celles-ci sont collectées dans le cadre d’un entretien structuré. L’évaluation est réalisée à l’aide de fonctions de notation qui comparent les données de l’exploitation à des valeurs de référence prédéfinies et normalisent les résultats sur une échelle de 0 à 100 – 100 correspondant à une pratique entièrement durable et 0 à une situation inacceptable. Les évaluations sont en outre visualisées à l’aide de couleurs de feu (vert, jaune, rouge).
En faisant la moyenne de plusieurs valeurs d’indicateurs, on obtient une valeur thématique. Les résultats sont rassemblés graphiquement dans le polygone de durabilité et présentés dans des tableaux.
Avec la nouvelle version RISE 4.0, la méthode est devenue plus flexible : Le processus d’entretien peut être orienté de manière ciblée sur les intérêts des responsables d’exploitation. Il est possible de se concentrer sur des indicateurs sélectionnés sans avoir à parcourir l’ensemble du catalogue de questions. De plus, des variantes d’indicateurs simplifiées ou détaillées sont disponibles. Cela permet une utilisation plus efficace du temps disponible et ouvre l’option de réaliser l’analyse par étapes dans le cadre de plusieurs visites d’exploitation – en particulier si l’on vise un accompagnement à plus long terme dans le sens d’une gestion de la durabilité de l’exploitation.
RISE permet également d’adapter les fonctions d’évaluation et les valeurs de comparaison au niveau régional (par exemple, par zone climatique) afin de tenir compte à la fois de l’applicabilité globale et de la pertinence locale.

Indicateurs utilisés

RISE utilise 47 indicateurs répartis dans dix domaines thématiques et couvrant les aspects écologiques, économiques et sociaux de la durabilité – dont par exemple la biodiversité, la fertilisation, l’énergie, les conditions de travail ou la stabilité économique.

Différentes formes d’évaluation sont utilisées en fonction de la base de données :

• Les données quantitatives (p. ex. kg d’azote/ha) sont normalisées par calcul sur une échelle de 0 à 100.
• Les données semi-quantitatives (p. ex. « oui / partiellement / non ») et qualitatives (p. ex. technique utilisée) reçoivent des valeurs en points standardisées (p. ex. 100 / 50 / 0).

Certains indicateurs sont simples (p. ex. gestion de la biodiversité avec des indicateurs partiels pondérés en fonction de la surface), tandis que d’autres sont plus complexes et nécessitent plusieurs étapes de calcul ou des données externes (p. ex. bilan humique ou intensité de production).

Les valeurs seuils et les échelles d’évaluation se basent sur différents critères tels que les exigences légales, la capacité de charge systémique, l’auto-évaluation, le potentiel de développement de l’exploitation ou le classement par rapport à d’autres exploitations. Elles peuvent être calibrées au niveau régional si nécessaire.

Exemple d’un cas d’application concret

Utilisation dans des projets de conseil dans le monde entier – par exemple pour l’évaluation de la durabilité des exploitations de café en Amérique latine ou des exploitations familiales en Suisse.

Un exemple d’application de RISE est la collaboration entre l’organisation de protection des animaux ProTier et la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL). Dans ce cadre, RISE a été appliqué pour la première fois de manière ciblée aux fermes vivantes – des types d’exploitation qui n’étaient jusqu’à présent que peu pris en compte dans les évaluations traditionnelles de la durabilité.

L’une des exploitations participantes était la ferme « Einfach Sein ». L’analyse comprenait un entretien préalable, une visite de l’exploitation avec interview, une évaluation écrite par la HAFL et un entretien de feedback final. Sur la base des résultats, la ferme a reçu un aperçu de ses points forts et des indications sur les domaines d’amélioration possibles. Grâce à sa participation à l’analyse de durabilité RISE, la directrice de la ferme « Einfach Sein » a pu identifier les points forts de son exploitation et les domaines où elle peut encore se développer. Elle décrit l’analyse comme un bilan très utile et une confirmation que sa ferme est sur la bonne voie.

L’investissement en temps pour les exploitations était d’environ huit heures, l’analyse elle-même a été achevée en un mois. Pour les fermes, la participation a permis une réflexion structurée sur les thèmes de la durabilité au sein de l’exploitation ainsi que des suggestions de développement – toujours sur une base volontaire et avec un traitement confidentiel des données. ProTier a soutenu financièrement le projet pour certaines exploitations.

Présentation des résultats

Après l’analyse, les chefs d’exploitation reçoivent un rapport de durabilité commenté par la personne chargée du conseil. Ce rapport résume les principaux résultats des dix domaines thématiques et contient de premières estimations sur les champs d’action possibles. Un élément central est le polygone de durabilité, qui représente graphiquement tous les domaines thématiques dans une vue d’ensemble. En complément, des représentations sous forme de tableaux sont utilisées pour présenter de manière compréhensible les différentes valeurs des indicateurs ainsi que leur évaluation.

Si nécessaire, un rapport détaillé sur les résultats peut également être rédigé, avec toutes les valeurs des indicateurs.

Différents outils sont disponibles pour poursuivre le travail. Un cahier de travail est proposé de manière standard ; il contient des modèles pour une analyse SWOT, le développement et la priorisation de mesures ainsi que des aides à la planification. Il est également possible d’utiliser des cartes qui aident à entamer la réflexion et à structurer les mesures possibles. Cela aide la direction de l’établissement à planifier les prochaines étapes concrètes – dans le cadre de ses possibilités et de ses objectifs.

Retour d’expérience

Développements prévus / potentiels d’amélioration

• Développement du système d’indicateurs : la vérification et l’adaptation du set d’indicateurs ainsi que des variantes de calcul sont prévues comme un processus continu. Si nécessaire, de nouveaux indicateurs seront ajoutés ou les variantes existantes seront étendues afin d’améliorer en permanence la pertinence et l’applicabilité.
• Extension de la représentation graphique des résultats : la nouvelle version du logiciel permet une visualisation améliorée et plus claire des résultats afin de faciliter leur interprétation et leur utilisation par l’entreprise.
• Extension linguistique : d’autres versions linguistiques du logiciel sont prévues afin de faciliter l’utilisation internationale et de mieux soutenir les groupes d’utilisateurs existants.
• Cours d’auto-apprentissage en ligne : des offres d’apprentissage numérique sont mises en place via Moodle afin de permettre aux personnes intéressées d’accéder aux contenus de formation indépendamment du lieu et de l’heure et d’en augmenter la portée.
  
  

Principaux enseignements tirés du développement ou de l’application de l’outil

• Une compréhension commune de la durabilité est importante : en développant une compréhension commune du développement durable et de l’agriculture, on évite que le terme « durabilité » ne soit utilisé que pour des relations publiques superficielles. En se penchant sur le sujet, on prend conscience des liens qui existent entre les différents éléments, on développe une conscience et une motivation intrinsèque pour le développement durable.
• La durabilité est un travail d’équipe : une approche globale de la durabilité dans l’agriculture ne peut réussir que si différents acteurs interagissent – la direction de l’exploitation, la science, l’administration, les entreprises et le conseil doivent travailler ensemble.
• Lien avec la stratégie de l’exploitation : la durabilité ne peut pas être considérée de manière isolée, mais est étroitement liée à la stratégie globale de l’exploitation.
• Volontariat et cadre politique : Le développement durable au niveau de l’entreprise doit être une démarche volontaire. Parallèlement, des conditions-cadres politiques de soutien sont décisives – par exemple par le biais de la politique énergétique, commerciale ou agricole. La promotion ciblée du conseil en développement durable par des programmes et des institutions publiques est indispensable pour accompagner efficacement les exploitations.

Pour aller plus loin …